Au cours de la matinée la tension monte au sein de l'Orangeaie. Les raisons en sont simples, vites connues, vite propagées. Les autorités "officielles" du quartier ne sont plus là, se sont mises à l'abri suite à l'agression subie. Plus personne officiellement ne dirige le quartier. Bien sûr la milice approche au matin, comme tous les matins. La population laisse passer ces hommes, dont certains sont orginaires du quartier. Ils patrouillent, remplissent leur tâche, sous l'oeil parfois amusé, souvent méprisant, très régulièrement indifférent de la population locale. L'accueil est donc variable, mais on se rend compte rapidement que les miliciens qui patrouillent sont des gens proches de l'Orangeaie, comme si le pouvoir policier avait fait un pas en direction de l'Orangeaie. Celle-ci se moque un instant puis semble accepter ces fils de la rue promus dans la police. On discute même, de façon parfois cordiale.
Dans la journée les livraisons de vivre sont acceptées, venues d'on ne sait où, mais parfois escortées par une milice plus locale que de coutume.
Mais l'Orangeaie n'a plus de tête, officiellement, n'a plus de direction. La milice en profite, pendant un temps.
Puis dans la journée des chefs locaux apparaîssent. Ce sont des sans aveux, des sans grade, des sans rien. Ils se dressent, donnent des ordres. La toile d'araignée de l'Orangeraie a été rompue en son centre sans doute, mais le principe d'une toile c'est qu'elle peut rompre en certains endroit et se reconstituer par la périphérie. L'Orangeaie n'est pas le plus vieux quartier de la cité, mais en est le deuxième, et la populace entend, par une sorte de sursaut identitaire, le montrer à la face de son monde : le reste de la cité !
En cours de la journée un semblant d'ordre semble se rétablir, en harmonie avec le milice anormalement locale. A midi des sortes de barricades se construisent sous les yeux de la milice. Une discussion parfois s'instaure, entre la milice qui refuse tout trouble contre le Conseil et le maître conseiller chargé de la sécurité, et les misérables vivant en l'Orangeaie qui prétendent que leur premier objectif est la construction de digues contre les attaques fomentées ces derniers soirs. La milice laisse faire, comme si les autorités de la cité, au lieu de combattre ce furoncle qu'est l'Orangeaie finissaient par reconnaître son importance antique, mais aussi l'incompétence constatée de la milice à protéger ce quartier ancien et généralement corrompu. La verrue semble un élément finalement essentiel de la cité et de son fonctionnement.
Et en l'absence de maîtres, que ce soient ceux de la pègre ou ceux de la justice, l'autorité de la rue est un dernier rempart face à l'anarchie totale.