1372 cv 7e jour 2e décade mois Ches

La journée s'ouvre sur de grandes eaux... non pas le temps qui menace à l'ouest, mais bien les grandes eaux du nettoyage du matin de l'auberge et de ses abords.

Rapidement des étudiants viennent prendre leur collation du matin avant de s'en aller vers leurs divers lieux d'étude. Les un vers la Collégiale Bonsort, les autres vers des lieux moins renommés ou moins structurés. Tout ceci se fait dans la bonne ambiance habituelle, les cerveaux se nettoyant des restes d'alcool de la veille au soir. Des conversations, des discussions. L'une d'elle semble rapidement dominer les esprits.
Quelques étudiants annoncent fièrement qu'ils vont travailler sur la mécanique du corps humain et des organismes. D'autres les raillent : "vos études sont purement théoriques, seule la pratique peut compter concernant le corps humain". On rétorque que l'étude des corps animaux, avec en plus l'étude des textes religieux concernant le corps humain, suffisent entièrement. Un étudiant affirme que seule la dissection des corps humains apportera des lumières sur le fonctionnement de notre organisme. La discussion prend un ton rapidement polémique. Quelques étudiants se lèvent, offusqués, indiquant aux autres d'aller faire leurs études à la guilde des nécromanciens s'ils veulent profaner ainsi des corps. Rapidement on braille, on crie, on s'énerve. Un étudiant indique que la guilde des nécromanciens ne profane pas les corps, et vient d'ailleurs de passer un accord avec le Chatelet pour procéder à des autopsies des morts trouvés par la milice ! On s'emporte encore. Certains veulent que l'on autopsie systématiquement les corps pour le bien de la connaissance du corps. On hurle au sacrilège.... Bref, la matinée commence bien !

Dans la matinée on amène à l'auberge de "Vieux Rouston", passablement crotté, inondé, puant, et anormalement à jeun ! Porté par deux hommes charitables, un sous chaque bras, il n'a pas l'air fier ! et demande dans la foulée, "à boire" ! On se bouche le nez, on rit, et surtout on se rebouche le nez ! Les étudiants décident d'aller terminer leur querelle sur les autopsies ailleurs, et d'aller en cours. Ils sortent le nez pincé.

Le tenancier de la Tablette désigne une table pour déposer le Vieux Rouston.
"Que lui est-il arrivé encore, demande-t-il ?
"Il s'est bourré la gueule toute la nuit, répond l'un des hommes charitables.
"J'eu soif, dit Rouston, pas bu dep' hier !"
"Il a croisé trois hommes qui lui ont posé des questions, s'amuse le deuxième bon Samaritain, et comme il répondait, ils lui ont donné à boire bien après la fermeture de toutes les auberges. Du coup il a bu toute la nuit le bougre. Nous l'avons retrouvé ce matin. Il est tombé dans une flaque d'eau alors qu'il pissait contre un mur. Heureusement il est tombé sur le dos, sinon ce matin nous aurions retrouvé un noyé !"
"A soif, fait Rouston, tout en approuvant du menton ce qui vient d'être dit... rien bu ce matin, puisque j'étais dans ma flaque !"
Le tenancier apporte une chopine d'une bière légère.
"Et de quoi t'on-t-ils parlé, que voulaient-ils savoir ? demande-t-il.
"Pff, un peu de tout... les morts du Scriptorium et des rues, les griffés... sur Filoche aussi, et puis sur un nécromancien qui serait mort par là, et puis sur plein de choses... sur le Conclave. Enfin plein de trucs". Il empoigne la chope et boit. "Ah putain ! ça va mieux... j'ai mal au dos... dormir dans l'eau ce n'est pas fait pour moi... dans le vin je dis pas... mais dans l'eau ! On n'a pas idée".
"Et c'étaient qui ces trois hommes ?" s'inquiète le tenancier.
"Je sais pas. Des gars malins en tout cas, pour arriver à me corrompre avec de l'alcool ! Des gens de la ville, mais que je connais pas, ou alors pas vus depuis longtemps ici. Mais des gens de la ville étant donné leur façon de parler. Et puis sont partis vers le quartier du scriptorium et les rues aux alentours".