1372 9e jour de la 2e décade du mois du Ches

Les affaires se poursuivent. Il s'agit maintenant d'équiper sérieusement les navires qui vont devoir partir au LAC.

La matinée se noie sous la pluie aux portes du port militaire. La pluie dégouline à torrents le long de la chaussée pavée qui descend de la Ville haute. Les hommes, les militaires, les charrons, les vendeurs, les cordonniers, tisserants... toute une vague de petits métiers liés à l'arsenal et au port se pressent.
Sous la pluie déferlante un Almoukri arrive, encore défroqué de sa nuit, tentant de redonner un peu de tenue à son uniforme et à son armure. Il se dirige vers une porterne en dessous des massives portes du port militaire. Il frappe brutalement à la poterne. Un Almoukri ouvre, sous le regarde suspicieux et à la fois envieux des plantes vertes qui forment la garde habituelle de la porte, fonctionnaires de leur état n'ayant jamais combattu réellement et qui ou jalousent les véritables héros, ou se rassurent en se disant qu'eux au moins ne risquent pas leur vie. Mais la proximité avec les légendes vivantes que forment les Almoukris éveille en eux une certaines rancoeur, surtout qu'une tourelle entière avec porterne leur a été allouée l'avant-veille.
L'Almoukri s'adresse donc à l'Almoukri de garde :
- Il faut que je parle à Abn An, ou que je cause à Sad Oordan.
- Sad Oordan va arriver, assure d'un air ferme le garde, en se couvrant d'un casque pourvu d'un cimier noir impressionnant qui ne manque pas de rendre plus jaloux encore les gardes ordinaires de la porte du Port militaire.
Le nommé Sad Oordan finit par arriver, comme annoncé.

------------------------Sad Oordan. --------------------
L'homme massif arrive de l'intérieur. Barbe vénérable, son visage déjà mat est encore marqué et tanné par le soleil du désert et de longues traversées maritimes. Il est armé d'un long cimeterre à deux mains, d'un poignard du désert à manche blanc (ivoire ?), et portant une veille armure cabossée, mais particulièrement bien entretenue. Il gratifie son homme d'un oeil perçant et lui dit :
- Que veux-tu, fidèle loup ?
- Aux portes de la Ville haute voici ce qui a été dit et que j'ai entendu ce matin : "Hier soir on a attaqué le bateau d'ébène aux voiles sombres et il a été détruit par un groupe de mercenaires a la solde des ennemis de la cité. Ils ont attaqué le bateau d'un des plus riches armateurs qui commerce avec l'étranger amenant épices onguent et denrées rares dans notre ville. Un groupe de malfrats connu et allié aux canailles et ennemis de la cité l'ont coulé. Honte sur eux et sur la milice qui n'a pas pu les surprendre et les arrêter. Trois des meilleurs chasseurs de prime connus sont sur leur piste. Ils promettent 10000 pièces d'or la tête". Je pense que cela devrait intéresser Abn An Mor avant qu'il ne quitte la cité.
Sad Oordan écoute attentivement, l'air pensif.
- Tu as raison, fidèle loup, cela nous intéresse, et cela n'est pas bon. Attendons le, il va se rendre ce matin une dernière fois avant son départ au Conseil des 12.

Abn An Mor Ibn Purchen arrive une demi heure après, sortant par la porte principale, escorté de sa garde personnelle composée d'Almoukris vétérans de plusieurs campagnes (le plus jeune doit dépasser largement les 30 années), tous plus massifs et impressionnants les uns que les autres. Ces hommes issus du rang, pour la plupart des Calimshites à part entière, l'entourent avec respect et gravité. Un faucon entouré d'aigles royaux du désert ferait même impression.

Voyant son fidèle Sad Oordan s'approcher il l'écoute. L'Almoukri lui parle à voix basse puis lui présente l'Almoukri revenant de la Ville Haute. Abn An Mor Ibn Purchen l'écoute attentivement, et ensuite lui pince la joue d'un air de récompense. Mais aucune joie ne marque son visage dur et émacié.
- Va à ton poste fidèle chien des mers. Fais ton devoir !
Puis il fait signe à son escorte de vieux charognards des champs de batailles de l'escorter.
Sad Oordan se joint à eux.
Ils se dirigent d'un pas altier vers le Quartier du palais, remontant la longue artère pavée, le long des murailles de la Ville Haute.

En fin de matinée Abd An Mor Ibn Purchen revient avec ses hommes.
Alors qu'il s'approche de la porte fortifiée menant au port militaire une silhouette vêtue d'une ample cape s'approche sous la pluie battante. Les hommes d'Abd An Mor s'apprête à agir, mais celui fait signe de la main de ne pas bouger. La silhouette s'incline, le chef masqué par son ample cape dégoulinante.
- Je veux parler à Abn An Mor Ibn Purchen, fait l'individu.
- Approche, rétorque l'intéressé.
- Vous avez entendu parler de l'avis de recherche, j'en sais un peu plus sur les personnes recherchées, et cela peut vous intéresser.
Abd An Mor fait signe à ses gardes de s'écarter et se penche pour écouter la confidence de la personne. Son visage ne trahit aucune émotion pendant qu'il écoute. Puis il remercie la personne d'un geste, fait signe à un de ses hommes de lui remettre une bourse, qui est acceptée.

Abn An Mor fait signe à l'un de ses hommes d'approcher, lui souffle quelque chose à l'oreille, et l' homme retourne en direction de la ville et du quartier des conseillers.

La créature s'écarte alors respectueusement à reculons et quitte les lieux sous la pluie pour disparaître plus loin dans la foule d'une ruelle remontant se dirigeant vers le port, l'Ancien port. Discrètement un marin borgne lui emboite le pas.

Jusqu'en fin de journée, les préparatifs se poursuivent. Abn An Mor revient en fin de journée, avant la tombée de la nuit.
Des troupes, anciennes, récentes, expérimentées ou non, nouvelles, arrivent. Puis les portes du quartier militaire du vieux port se ferment définitivement alors que la nuit arrive.